The French author Pauline Peyrade was in Barcelona from the 7th to the 11th July to lead a writing seminar and see the stage presentation of her text Poings at Sala Beckett.
Here we publish the journal of the author about her experience.
J’ai eu la chance, cet été, de voir Poings traduit et mis en espace en catalan par Ferran Utzet à la Sala Beckett, dans le cadre de Fabulamundi. L’expérience a été très belle, à plus d’un titre. Tout d’abord, j’ai pu découvrir la nouvelle Sala Beckett – j’avais participé à un Obrador d’Estiu en 2014, alors dans les anciens locaux – qui offre un cadre magnifique aux écritures contemporaines. J’y ai recroisé Simon Stephens mais aussi quelques anciens et nouveaux de la Sala Beckett, ainsi que Ferran et l’équipe artistique de Punys. Nous avons parlé de la pièce, mais aussi du statut des écrivains de théâtre en Catalogne, de la spécificité catalane, moins d’un an après la tentative d’indépendance, du projet de la Sala Beckett également, entre défense de la langue catalane et ouverture sur l’Europe, des politiques européennes au regard de la culture et des migrations. Ces échanges furent riches. Nous jonglions entre français, espagnol, anglais et catalan. Cela fait du bien de penser dans une autre langue que la sienne.
La pluralité des langues, j’ai pu par ailleurs l’éprouver lors de l’atelier d’écriture que j’ai mené autour des peurs contemporaines, en écho à la thématique de l’Obrador d’Estiu. Nous avons discuté, avec les participants et les participantes, des peurs enfantines, des peurs d’adultes, de comment réagir face à la peur d’un-e autre. Nous avons parlé de la place des femmes dans la société catalane, du racisme ambiant, d’une inquiétude partagée et qui nous dépasse tou-te-s. Je les ai invité-e-s à assister aux lectures des participant-e-s à l’Obrador d’Estiu, venu-e-s de plus de dix pays différents, pour prolonger la réflexion.
En plus de la beauté de Barcelone et de la vivacité des échanges, je garde un souvenir marquant de la lecture dirigée par Ferran et de la rencontre avec l’équipe artistique. Des choix de mises en espace faisaient étrangement écho au travail que nous avons mené avec Justine Berthillot (présente également à la lecture). Ce fut une très belle rencontre, couronnée par une longue soirée de cervezas y bocadillos sous les étoiles. Peut-on rêver meilleure conclusion ?
Víctor Muñoz de la Sala Beckett m’a demandé, en ouverture à la rencontre bord plateau qui a suivi la lecture : pourquoi écris-tu pour le théâtre ? En y repensant, j’ai envie de répondre : pour ça, précisément. Des rencontres comme ça. Merci à l’équipe de la Sala Beckett d’avoir partagé mon travail et de m’avoir permis de vivre cette expérience.
Pauline Peyrade